Pedro Arrupe, Comme je vous aimés, Apostolat de la prière, Namur, 1982, 57-58.

Le prophète Zacharie écrit : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » (12,10). C’est une invitation à contempler dans cette blessure le « Fils unique », le « premier-né » dont le côté ouvert devient, selon saint Jean, la source du salut : « un des soldats lui perça le côté d’un coup de lance et il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19,34).

L’image du Christ en croix, élevé de terre et dont le côté est ouvert, puise donc ses racines dans l’Ancien Testament tout en étant également comme le résumé de la théologie de saint Jean et même de toute la vie chrétienne. Elle exprime la fécondité rédemptrice de la mort du Christ. Nous retrouvons ici un symbolisme sémitique : le coup de lance est le signe de la mise à mort de l’agneau immolé ; l’eau et le sang sont signes de vie et de fécondité. Le cœur transpercé évoque l’agneau pascal de la Nouvelle Alliance, Et, comme l’exprime l’encyclique Haurietis Aquas sur le cœur de Jésus : « ces paroles du prophète Zacharie : « ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » s’adressent aux chrétiens de tous les temps » (15 mai 1956, n°50).

Nous tenant dans la prière devant Jésus en croix, contemplant son côté transpercé, voyant jaillir de sa blessure l’eau et le sang, nous comprenons mieux les paroles que Jésus prononçait en la fête des Tabernacles : « Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi. De son cœur couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,37). Les juifs pouvaient songer à cette eau qu’ils tiraient de leurs puits pour l’offrir au Seigneur avec les fruits de la terre. Mais nous qui connaissons l’aridité de nos âmes nous avons soif du Saint Esprit et nous disons avec le psalmiste : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant » (Ps 41). Ou encore : « je tends vers toi les mains, mon âme est une terre assoiffée de toi, Seigneur » (Ps 142).