Le temps de l’Avent, le temps de l’espérance. A son terme, nous entendrons, comme chaque année, durant la célébration de Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… ». Mais pour l’instant c’est plutôt la nuit. La nuit de la maladie, la nuit du confinement, la nuit du chômage, la nuit des attentats, la nuit de tous ceux qui perdent pied.

Pour beaucoup, c’est une expérience brutale ; nous n’étions plus du tout habitués à la nuit, si bien qu’elle paraissait avoir reculé, s’être installée en bordure de notre monde, à l’étranger ou dans les terrains vagues qu’on ne voit même pas. Mais elle revient, et elle insiste, elle donne l’impression de vouloir camper chez nous, au beau milieu.

Une chose est sûre : nous n’entrerons pas dans l’espérance de l’Avent malgré cette nuit, ou à côté d’elle, mais bien à travers elle. C’est donc en scrutant cette nuit, en la faisant nôtre, que nous aurons une chance d’y déceler la lumière de la Nativité. Nous découvrirons au passage, d’ailleurs que cette nuit est habitée par tous ceux qui y vivent depuis longtemps : peuples de la guerre et de la faim, peuple de la misère. Et eux savent y marcher, dans cette nuit, alors que nous n’y avançons qu’en nous cognant à chaque pas.

Le dernier jour de l’Avent, quand nous entendrons le texte d’Isaïe, il aura pour nous un autre poids ; et la lumière de cette naissance, douce, humble et fragile, nous la verrons avec un regard renouvelé, car, durant les longues semaines qui précèdent cette fête, nous aurons osé plonger nos yeux dans la nuit.

Courage, c’est bien cela qui nous est promis !

Etienne Grieu, sj
Recteur du Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris
https://centresevres.com/billet/la-nuit-la-lumiere/